René MOREL

Partout, la taille de pierre fut à travers les siècles un synonyme de travail humain et de pérennité. Elle distinguait l’abri de paille, de rondins, de branchages ou de boue des bâtiments conçus pour durer. Le tailleur est celui qui « écoute » la matière puis, d’un geste précis, crée le bloc éternel que l’homme pourra ensuite sculpter à sa guise.

René Morel a exercé ce noble métier en restaurant les constructions des anciens. Il a travaillé de ses mains le bel appareillage de monuments prestigieux : la cathédrale de Strasbourg, le Saint-Sépulcre de Jérusalem, la basilique Saint-Denis… En connaisseur, il a pu y admirer l’œuvre de ses prédécesseurs et contribuer à sa sauvegarde.

C’est un peu par hasard qu’il découvrit cette vocation à part. Né en 1941, le tailleur commença son apprentissage à seize ans dans l’atelier de marbrerie d’un voisin. Cet homme devint un véritable « père spirituel ». Il lui transmit le sens de la précision, du geste sûr, de la rigueur absolue. Un enseignement dont René Morel s’est imprégné et qu’il s’est efforcé de transmettre à son équipe.

Le chantier de la basilique Saint-Denis, qui l’a occupé pendant près de vingt ans, représente certainement pour lui une expérience fondamentale. En côtoyant les rois et les gisants, il affirme avoir relativisé bien des vanités. Le long séjour à Jérusalem, au contact des ouvriers palestiniens, a également beaucoup compté.

Conscient de sa chance, le tailleur souhaite aujourd’hui que des adolescents puissent avoir eux aussi l’opportunité de ce contact pour y confronter leurs forces naissantes.

Parcours
1957 : René Morel rentre en apprentissage
1967 : Il est reçu Compagnon du Devoir
1995 : Il devient Maître d’art